Mission diplomatique zollernoise en Edoran

Le dignitaire Zollernois fut accueilli par un bataillon d'honneur de la Gendarmerie à l’aérodrome d'Allancia. Puis il fut conduit dans une voiture de luxe Esse-Motor jusqu'au Ministre des Affaires Etrangères.

Sur place, l'attendait le Comte de Sabrevoix :

- Votre Excellence a-t-elle fait bon voyage ?

Le Feld Maréchal-Duc, Principal Ministre de Son Altesse Royale - de fait, car détenant l'ensemble des portefeuilles ministériels - était offusqué. L'attente qu'on lui avait fait subir était un affront que l'on avait fait au pays et au souverain dont il représentait les intérêts. Il passa en revue la garde d'honneur. En militaire, l'exercice fut exécuté impeccablement. Il rejoignit la voiture qui lui avait été affecté. Après un instant d'hésitation - il n'y avait pas de chevaux ! - il s'y engouffra, l'automobile fit un bruit étrange qui, s'il n'effraya pas le soldat habitué au fracas du canon, ne manqua pas d'apeurer son chef de cabinet. La cylindrée avança, comme par miracle. "Par la Sainte-Trinité des Dieux" se dit-il ! Ses yeux s'émerveillait devant la technique. Il ne fut pas malade, contrairement à son premier voyage en train, lorsqu'il avait six ans. La voiture avançait à vitesse normal - 20 km/h - autant dire moins vite qu'un cheval au galop. Le pratiquant d'équitation et de chasse à cours ne fut guère ennuyé ; son chef de cabinet renvoya son déjeuner.

La désagréable impression de son arrivée dissipée, il arriva au Ministère des affaires étrangères. Son homologue l'acceuilli. S'il avait regretté qu'il ne fût pas présent dès son arrivé à l'aéroport, il ne fut pas moins satisfait de serrer la main d'un officier. Deux Feld-Maréchaux, chefs des armées de deux puissances militaires d'importance se rencontraient enfin.

- Nous avons fait bon voyage, nous vous remercions.

En réalité, le vol avait été érintant.

L'heure était moins aux courtoisies qu'à la discussion des sujets qui faisaient dissension : la récente affaire de Locquetas et le nouveau protectorat en Edredonie, prélude à l'ouverture de relations diplomatiques saines et stables.

Le Ministre décellait l'agacement du diplomate zollernois. Il se dit que le Grand-Duché au moins n'avait pas perdu la première place micromondiale dans l'histrion.

Bien. Votre Excellence, si je vous ai invité à Allancia c'est pour que nous discutions des attentes de chacun en terme de relations diplomatiques.
Tout d'abord, je tiens à vous faire savoir que nos manoeuvres sont fini et qu'en aucun cas elles ne vous ont menacé. Elles faisaient suite à la récente réforme majeure de notre Marine. Il n'est pas exclu que d'autres manoeuvre aient lieu, dans ce but toujours.

Concernant notre politique extérieure, elle n'a pour but que la paix et la stabilité du Continent Nord, comme nous l'avons mainte fois démontrer. Si vous vous reconnaissez dans ces objectifs, je ne doute pas que nos pays s'entendent.

- Notre ligne diplomatique est simple : Paix et souveraineté.

Nous ne serons pas de le camps des bellicistes et des propagateurs de guerre. Son Altesse Royale, comme son frère le Grand-duc Maximilien s'en est faire le défenseur - le Feld-Maréchal Duc savait cela, lui qui avait payé son bouillonnement pour la guerre, de ce voyage horrible jusqu'en Edoran - Nous n'entendons pas faire montre d'ingérence dans les affaires internes aux Nations, ni même prétendre la régence du Monde connu. Nous entendons déclarer la Paix au monde.

Si nous faisons la guerre, nous y aurons été contraint par l'imprudence des gouvernements étrangers, car l'intégrité territoriale du Grand-duché et de ses dépendances et la sécurité de la Nation zollernoise auront été menacée.

A ce titre nous souhaitons un continent nord stable et considérons pour cela l'existence de sphères d'influence, remparts qui protègent l'espace vitale des nations. C'est pourquoi nous considérons le golfe de Locquetas, comme partie intégrante de notre sphère d'influence. La présence de navire édoranais dans le golfe a été ressenti comme une provocation, sinon comme une agression, tout comme la présence de navire zollernois dans la Mer des glaces ou au large des Bonnes Espérances l'eût été pour les édoranais.

Nous n'entendons pas intervenir pour gêner les opérations edorano-belondor qui se dérouleront en Centuryon. Nous prenons simplement acte du précédent que le Saint-Empire crée dans son ultimatum et nous réservons le droit de corriger le terrorisme Krasslandais de la même manière s'il venait à refaire surface. Enfin, nous refuserons de reconnaître le protectorat d'Edoran sur Edredonie tant que le Saint-Empire n'aura pas signé un traité s'engageant à la non-militarisation d'Edredonie. Nous acceuillerions cela comme le signe visible des volontés pacifique d'Edoran

Nous souhaitons entretenir de simple relation bilatérale entre deux empires de même grandeur. Si nous consentons à les pardonner nous n'oublions pas cependant les affronts qui ont été fait au nom de Zollernois et à la Sainte Zorthodoxie sur ces terres.

Imaginer le Saint-Empire à pied d'égalité avec le Zollernberg contrariait le Feld-Maréchal Duc,il s'était efforcé de transmettre servilement la pensée de son souverain en la matière, quoiqu'il lui en coûtât d'amour propre -.

Votre Excellence, vos désidératas sont tout à fait légitime. Nous sommes près à reconnaitre le Golfe de Locquetas comme mare zollernae. Nous nous engageons à ne plus y manœuvrer sans votre accord, si vous acceptez de reconnaitre notre souveraineté sur la Mer des Glaces et la Mer au nord et à l'ouest du Saint-Empire.

Pour ce qui est de l'Edredonie, nous n'avons pas encore décidé de sa vocation finale, mais nous n’excluons pas une base militaire utilisable pour les escales technique de navires alliés. En revanche, nous sommes près à signer avec vous un traité prévoyant une démilitarisation du Graustorm.

Un secrétaire entra et déposa un exemplaire d'un journal zollernois devant le ministre qui le lu.

Bon... Excellence, avez-vous une explication ? Cet article écrit par un noble zollernois est insultant ! En attendant des excuses officielles et publiques, je me vois contraint de surseoir à nos discussions.

Le Feld-Maréchal Duc sembla se décomposer, son visage devint blême. Puis il se ressaisit.

On ne pourra plus dire que la presse est brimé en Zollernberg. Le peuple zollernois est un brin susceptible. L'opinion publique est majoritairement edoranophobe : le Zollenheim MorgenPost s'en fait l'écho. Les accords que nous sortirons de cet rencontre éloignerons le spectre de la guerre, je le souhaite. Nous vous présenterons les excuses de la Nation zollernoise pour ce qui a été écrit et qui a blessé.

Son chef de cabinet apporta du papier à entête de l'Adlersberg. La violence du propos était tel qu'il nu aucun mal a dicter un communiqué qui serait rendu publique sur l'heure :

Palais de l'Adlersberg

S'il revient aux opinions politiques de s'exprimer librement, le Gouvernement de Son Altesse Royale tient à se dissocier fermement des propos tenus par le Zollenheim Morgenpost dans son édition de ce jour et assure le Saint-Empire des marques de son estimable considération. Nous présentons officiellement et publiquement, au nom de la Nation zollernoise, des excuses à Sa Majesté et à Ses peuples pour les propos offensants tenus à leur encontre.

Feld-Maréchal Duc des Zorcades,
Premier Ministre de Son Altesse Royale

- Babenberg commençait à tenir en estime son interlocuteur, et, lui qui ne portait guère Edoran dans son coeur, semblait presque chagriné qu'un tel article ait pu paraître -

- Pouvons-nous reprendre Excellence ? l'attitude délétère de l'opinion publique semble nous le commander.

Le Comte de Sabrevoix savait qu'un article de cette violente aurait très bien pu être publié en Edoran à l'encontre des zollernois, mais il était important que les autorités les dénoncent.

Le Ministre et à travers lui, le Saint-Empire était satisfait du communiqué du Premier Ministre du Zollernberg.

Je vous remercie, Excellence, pour cette promptitude. L'incident est clos.

Pour ce qui est des arrangements que je vous ai proposé, avez-vous des remarques à faire ? Nous pourrons à partir de là rédiger un traité.

- Nous avons quelques remarques. Pour l'équilibre de nos puissances, nous avons à dire que si votre souveraineté sur la Mer des Glaces est incontestable, celle sur la Mer du Nord l'est beaucoup moins. Aussi nous ne souhaitons qu'il n'y soit pas fait mention dans l'accord que nous signerons.

Enfin, sur le Graustom et l'Edredonie. Nous ne sommes pas prêt à démilitariser la partie zollernoise de l'estuaire. Le Krassland reste l'ennemi héréditaire dont il est bon de se méfier. Si nous acceptons l'idée d'une base militaire à Edredonie, nous souhaitons qu'il soit fait mention dans l'accord que nous allons préparer de l'engagement de ne stationner ni aviation, ni canon à longue portés. Vous comprendrez qu'il me faut au nom du Zollernberg, des garanties à même d'assurer la sécurité de son territoire. Elle seront de nature à rassurer notre Nation sur les intentions du Saint-Empire.

Votre Excellence, je ne parlais point de la Mer du Nord, située entre la Russlavie et la CSH, mais des espaces maritimes que nous dénommons à l'IEGM, Mer Nordique et Mer d'Edoran, situées à l'Ouest et au Nord-Ouest d'Edoran. La sphère ne concernera que les espaces en regard de notre territoire.

L'Edredonie n'a aucune vocation dans le contexte actuel micromondial à accueillir une base terrestre ou aérienne. De toute manière, les autorités locales ne nous l'autoriserai pas. Il n'y aura que des installations portuaires.

Le Feld Maréchal Duc revenait du Grand-duché où il avait assisté au mariage Grand-ducal, tant attendu de l'Eztablishment, de la prezze people et du Gotha micromondiale. Il y avait croisé l'impératrice d'Edoran et l'ambassadeur Russlave, avait rendu ses hommages à sa nouvelle souveraine et présenté les félicitations de la Nation au Grand-duc. C'était pour celui qui était devenu à la faveur des défections et des démissions le Principal Ministre de Son Altesse Royale, réunissant sous sa férule l'ensemble des portefeuilles ministériels une fin de règne crépusculaire.

Le clan Zabrückois, celui du Prince Zabrücksi, reprenait de la vigueur à la faveur du retour en grâce de ce dernier qui avait su conserver et sa charge de Chancelier, obtenir de nouveau la faveur grand-ducale par l'entremise de la Grand-duchesse Marialyn dont il avait été l'amant. Il y avait des signes qui ne trompaient pas. La nouvelle de son admission dans l'Ordre de la Sainte-Trinité était le gage le plus sûr d'un retour en grâce, et à l'oreille du Souverain. Sa victoire aux prochaines élections générales étaient à prévoir. Babenberg se disait qu'il se retirerait sur ses terres après cela. A cinquante-neuf ans lui reprocherait-on de ne pas avoir assez et assez bien servi ?

Sa dernière mission diplomatique était périlleuse. Mené par le clan Zabrückois, celui des faucons, belliciste et favorable à l'alliance Russlave, le tout Wilhelstaufen s'enflamait pour la guerre, l'opinion publique attendait le conflit armée, les cadets des Zandhurst se rêvaient paradant à la tête de leur régiment dans Allancia conquise. Babenberg devait jouer fin. Un long soupir avant sa descente de Zollplin fut sa réaction aux soucis qui l'accablaient.

La voiture aux fanions zollernois pénétra l'enceinte du Palais Brabant. Le Feld-Maréchal Duc, en petit-uniforme, la tenue de travail qu'il portait à l'ordinaire, fut conduit chez le Ministre Störtebeker, militaire lui aussi, ce que Babenberg ne manquait pas d'apprécier

- Excellence quel plaisir de vous revoir !

Votre Excellence, quelle surprise de vous revoir ! Passons sur votre départ inexpliqué de notre négociation de traité, que nous vaut ce retour ?