Soirée cabaret à Bordeleau

La ville était venue assister à une soirée concert de Georges Montenlair, le célèbre chansonnier d'Edoran. Philibert avait mis à disposition du chanteur, un ami, bien que celui-ci soit plutôt à gauche.
La salle était pleine, on s'était pressé. Les 750 places avaient été vendues rapidement. 300 places avaient été offertes par Philibert à quelques familles plus pauvres, via une oeuvre de charité afin que cela ne passe pas pour des achats de voix... Philibert n'en avait pas besoin à Bordeleau.
Certaines étaient des inconditionnels, d'autres venaient s'encanailler...



Nous sommes heureux, nous sommes à Edoran
Tout marche bien tout le mond’ est content
Notre bon Emp'reur, ça c’est épatant
Ne gagne plus qu’douz’ cent mill’ édos par an
Aussi on a les retrait’s ouvrières
Six sous par jour, ça c’est un vrai bonheur
Le peuple édoranais peut êtr’ vraiment fièr’
Viv’ les trois couleurs

Nous sommes heureux, nous sommes à Edoran
Tout marche bien, tout le monde est content,
le Maréchal de l'armée d'Edoran
Ne touche plus que quarante mill' edos par an
Aussi l'on donn' maintenant aux fill’s mères
Afin qu'ell’s soient à l'abri , du malheur
Trois francs par mois, ça c'est humanitaire.
Viv' les trois couleurs

Nous sommes heureux, nous sommes à Edoran
Tout marche bien, tout le monde est content,
Les députés ça c'est magnifique
Ne gagnent plus que quinz' mill' francs par an,
Aussi on peut augmenter les salaires
Des cantonniers et des pauvres facteurs,
Cinquant' sous par jour j'crois qu'ça peut leur plaire
Viv' les trois couleurs

Nous sommes heureux, nous sommes à Edoran
Tout marche bien, tout le monde est content,
Chacun peut dir’ ses idées politiques
Sans avoir peur d'être foutu dedans.
Les militants de la classe ouvrière
N'paient plus d'loyer ça c'est un' vrai' faveur
On les loge en cabane des anné's entières
Viv' les trois couleurs

Nous sommes heureux, nous sommes à Edoran
Tout marche bien, tout le monde est content,
Nos cuirassés ça c'est magnifique,
Ne coût'nt pas plus de trent’ millions par an
Ils sont d'une force extraordinaire
Même en temps d'paix ils sèment la terreur
Les canons éclat’nt ainsi que les chaudières
Viv' les trois couleurs