Hommage de la patrie reconnaissante

- Aux morts !

Au signal du lieutenant-colonel de Villemont, maître des cérémonies, les sonneries des cuivre firent entendre la sonnerie aux morts. Les drapeaux impériaux et étendards des unités militaires et associations d'ancien combattant se relevèrent au retentissement de l'hymne impérial. Au premier rang, accompagné du bourgmestre de Port et du gouverneur de Bonne Espérance, le Vice-Amiral de Klausbourg présidait la cérémonie d'hommage de la patrie reconnaissante à ses morts. Le nouvel officier général qui déjà défrayait la chronique avait été invité par les associations d'anciens combattants à présider l'hommage aux morts pour Edoran. Le symbole était fort dans ce haut lieu de la guerre d'Edredonie.

Tout le monde se souvenait du bombardement infligé par la Marine zollernoise sur la ville. Le frère du Grand-duc, alors officier d'artillerie était désormais officier général de la Marine impériale. S'il n'avait porté les armes contre Edoran, son régiment n'ayant été engagé, il avait porté un uniforme naguère ennemi, il s'en était suffit pour créer la polémique dans les milieux zollernophobes. Le gouvernement avait créé cet officier général désormais malgré lui symbole et incarnation d'une paix lourdement acquise. La troupe devait encore l'accepter. Le geste du zollernois devenu sujet de l'empereur touchait la troupe et les anciens combattants. L'on déposa une gerbe devant le cénotaphe, puis l'on se recueillit avant de discourir.

Adalbert rejoignit la tribune.

Monsieur le gouverneur,
Monsieur le Bourgmestre
Officiers, sous-officiers, soldats, vétérans,
mesdames, messieurs,

A l'invitation des associations d'anciens combattants, il m'a été donné de commémorer au milieu de vous les morts pour notre patrie, victimes de la guerre d'Edredonie, les civils tombés injustement, victimes de la folie des hommes, victimes des nationalismes et des discours de la haine. Les idéaux que nous proclamons à travers cet hommage sont ceux de la recherche perpétuelle de la paix et de l'entier dévouement à son pays, jusqu'au sacrifice ultime de sa vie. Les gens que nous honorons sont ces héros anonymes dont les voix s'élèvent d'outres tombes pour déclamer non la vengeance et l'escalade de la violence mais l'apaisement et la concorde. La patrie leur est reconnaissante et n'oublie pas le dévouement qu'ils ont payé de leur vie. Le Saint-Empire, hier comme aujourd'hui et demain, est le bras armé qui défendra la justice et le droit. Les morts de la guerre d'Edredonie, voilà pour nous même, notre jeunesse et les générations futures l'édifiant exemple de patriotisme et d'héroïsme dans lequel nous pouvons puiser l'esprit de sacrifice au service de l'idéal qui ennoblit notre nation, dans lequel rayonne la civilisation : la paix universelle.