Entrecôte, entre les mots ou entre les mains.

par **Alceste-Aubin Gréban** 13/4/2009, 5:44 pm

Il est midi passé de trente minutes. Alceste-Aubin Gréban occupe, comme à l'accoutumée, la table située sous l'horloge. Un verre de vin, une belle tranche de pain et une entrecôte à point. Il est seul et lève régulièrement la tête pour s'assurer de l'avancée des aiguilles.

Ce n'est qu'une fois son verre vide, et l'entrecôte bien au chaud dans son ventre, qu'il se voit rejoindre. Un homme d'une trentaine d'année, barbe proprement coupée, chapeau parfaitement assorti au costume, vient lui serrer la main. Il aura été difficile à déceler par les curieux que la poignée de main était en fait le moyen bien archaïque de transmettre un bout de papier.

Échange de banalités.

"Le combat de Grandclaude contre Jean Sariffiac se tiendra lundi prochain dans la salle omnisports de Lucéra."

"Voilà grand temps que je ne tiens plus d'assister à ce match. Le cercle des Amis de Germain-Yves Grandclaude se réunit-il avant?"

"Tout à fait... Nous aurons même des supporteurs venus de Confolens."

"Bien, bien... Vous prenez un digestif?"

Signe positif. Deux petits verres d'un liquide ambré. Il sera question de la pluie, de la dernière pièce de Garibourne ou de perles relevées par Gréban dans un mémoire rendu par l'un de ses étudiants.

Les deux hommes se sépareront. Dans la rue, Gréban lira le petit bout de papier, puis le brûlera après avoir allumer une pipe.

Le lundi suivant, dans une arrière salle de Lucéra, des militants républicains de Confolens rencontreront la cellule de Gréban...