Demande d'entretien

Le ministre des AE reçut le pli. Il le lut avec attention. Il répondit au-dit pli par l'affirmative. La question était sensible et le temps pouvait être compté.

Le ministre regarda le plénipotentiaire russlave. Originaire de Bordeleau, il avait été élevé dans la crainte de la Russlavie, de ses habitants, terribles gens de l'Est, sans culture, ni civilisation, cruels et mangeurs d'enfants.
Il lissa ses moustaches, fièrement retrouvées.
- Le Saint-Empire d'Edoran n'est pas un va-t-en-guerre, nous sommes toujours ouvert aux discussions. Nous sommes prêts à vous écouter. Sa Majesté Impériale, Charles III, tranchera quoi qu'il advienne. Je ne suis que son humble serviteur.

L'ambassadeur sortit un document de sa mallette, qu'il fit glisser sur la table.

- Voici un memorandum pour Sa Majesté Impériale Charles III. Je vais vous en dévoiler la teneur.

Ce que propose mon souverain le Tsar est très simple : le partage du Noordzeeland, purement et simplement, entre nos deux empires.

Le Noordzeeland est un royaume faible et impuissant qui a toujours su jouer des querelles entre Edoran et la Russlavie pour maintenir son indépendance et faire régner l’insécurité dans la mer des Glaces tout en s’appropriant des terres dans le Grand Nord.

Le Tsar propose que cela cesse. Plutôt qu’une guerre sanglante et interminable entre nos deux pays, qui affaiblirait durablement nos populations et économies respectives, une guerre dont seul le Noordzeeland profiterait, le Tsar propose une action rapide et efficace contre le Noordzeeland, qui serait tout à fait incapable de résister à nos armées coalisées.

Les profits pour Edoran seraient immenses comparés à ce que peut vous offrir l'alliance noordzeelandaise:

Le Witland vous reviendrait, ainsi que la moitié du Noordzeeland proprement dit, l’autre moitié revenant à la Russlavie, à l’exception de la capitale qui serait laissée comme principauté indépendante à Willem Ier.

D’autre part, la Russlavie rétracterait publiquement ses paroles à propos de la Moldavia et s’engagerait à faire disparaitre Lysimaque de Chisinau. Nous reconnaitrions aussi votre souveraineté sur tout le continent que vos explorateurs ont découvert au Nord.

Notre pacte pourrait ensuite être scellé par un mariage dynastique et un traité d’alliance éternelle.

C’est une occasion historique, Excellence. Ne la ratez pas. Le Noordzeeland disparu, Edoran n’aura plus aucun rival au Micrartique, tandis que la Russlavie pourra enfin chasser les Jatonnais du Kaukaze et développer ses intérêts vers le sud.

Le Comte Bezoukov attendit la réaction de son interlocuteur. C'était un plan d'un pur cynisme, qui consistait à découper un Etat souverain sans aucun respect de la morale ou de la légalité. Mais les profits qu'il pouvait générer étaient colossaux.

Philibert se demanda si tout ce qui était proposé était honnête ou pas, sans même réellement se préoccuper de toute question morale ou éthique vis-à-vis du Noordzeeland... état croupion aux yeux de Philibert, juste bon à devenir un vassal... et encore, la Moldavia ou l'Alémanie avaient pour lui, plus d'intérêts que le NZD.
Néanmoins Philibert restait sceptique. C'était un Russlave qui lui parlait, assis juste devant lui. Son oncle Fulgence Carnavon, son mentor et quasiment deuxième père, lui avait raconté tant de choses sur les Russlaves qu'il ne savait que penser de tout cela.
- ma foi, votre proposition éveille ma curiosité. Néanmoins avant de soumettre votre proposition à SMI, avez vous une idée sur une possible réaction des autres nations à un éventuel partage ignorant les règles de la souveraineté nationale (Philibert ne put s'empêcher de laisser échapper un petit rictus en parlant de souveraineté nationale)?

Philibert sonna son secrétaire.
- Faites savoir à SMI qu'un envoyé russlave aimerait lui soumettre un compromis.

le secrétaire s'inclina et sortit accomplir sa mission

SMI est prévenue, nous allons attendre sa réponse.

Philibert revint au ministère et retrouva l'ambassadeur.
- Sa Majesté Impériale adresse un fin de non-recevoir à votre proposition.

Philibert salua le diplomate :
- Remettez lui nos salutations