Sommet de la Grande Alliance à Baradhnaith

- Tout d’abord, je tiens à remercier le Général de Hauteville, le gouvernement edoranais ainsi que Sa Majesté l’Empereur d’Edoran d’avoir pris l’initiative d’accueillir sur son territoire ce premier sommet de la Grande Alliance. Bien que rapide, la réunion des nouveaux alliés et l’élargissement de l’alliance aux autres monarchies de l’Archipel est un évènement important et un gage de solidité de cette alliance dans l’environnement géopolitique du Micromonde. Le gouvernement zollernois soutiendra naturellement cette alliance tant que celle-ci saura se positionner du coté du bon droit. Le Zollernberg approuve donc l’élargissement de l’alliance ainsi que la convention portant établissement de l’Institut de la Grande Alliance. En effet, nous sommes heureux de voir que l’Alliance promeut avec intérêt les objectifs scientifiques du traité de Wilhelstaufen. L’Université zollernoise, pionnière en bien des domaines sur l’avancement des sciences et de la compréhension du Micromonde tant sur l’aspect des sciences fondamentales que des sciences humaines et sociales, saura trouver ici la meilleure place possible aux cotés de ses partenaires académiques naturels. Concernant la question eridanaise et donc de la question de la position commune des nations alliées à l’ONA – pour ceux des alliés anciens et nouveaux qui sont membres de l’ONA – la position zollernoise est plus nuancée, n’en déplaise je l’espère à nos amis edoranais. La guerre contre Eridan est une évidence car il est urgent et impérieux de laver l’affront fait à l’ONA et a nos délégations diplomatiques à Talamanca. Toutefois, le Zollernberg s’engagera dans une opération punitive qu’a la condition unique que l’ONA, par la voix de son Conseil Permanent, fixe le cadre de cette opération et donne mandat aux nations pour intervenir en Eridan. En conséquences, les forces armées zollernoises, déjà mobilisées et – pour certaines – ayant déjà participé a quelques escarmouches, seront regroupées en Nouvelle-Caucasie dans l’attente du vote par l’ONA d’une résolution donnant mandat pour l’intervention à Eridan. Le Zollernberg propose donc aux autres nations alliées membres de l’ONA de faciliter le vote de cette résolution au Conseil Permanent. Le Zollernberg demande également aux membres de la Grande Alliance de surseoir aux interventions militaires déjà prévues afin de permettre au Conseil Permanent de l’ONA de délibérer sereinement. Je vous remercie.

La première prise de parole du Premier ministre zollernois avait été prévue depuis quelques jours déjà. Le baron de Finkelstein a toujours fait montre d’un grand scepticisme envers Edoran durant ses années passées dans l’opposition parlementaire. Les conservateurs avaient fait le jeu d’un alignement inconditionnel de la politique extérieure zollernoise sur celle d’Edoran. L’allié d’hier était devenu exigeant et peu respectueux. L’alternance politique au Zollernberg se devait d’incarner une ligne rénovée et dynamique.
Pendant que le Vice-chancelier édoranais répondait, les conseillers politiques du Premier Ministre d’agitaient.

Le directeur de la communication, Tobiaz Ziegler écoutait les mots de l’édoranais. D’entrée de jeu, la tournure effrontément méprisante du discours de Hauteville lui arracha un sourire discret.

Ziegler : Vous me devez 20 livres Jürgen…

Jürgen Klitow, le directeur adjoint de la communication de l’Adlersberg fit mine de continuer d’écouter.

Klitow : Il n’a pas encore fini de parler… Il peut toujours se reprendre...

Ziegler : Tu ne connais pas Hauteville… Il est autant diplomate que je suis physicien quantique, il en est resté au doux temps de la vie caserne ou le pauvre petit Charles obtenait tout ce qu’il voulait en tracassant son ordonnance.

Klitow : Müller a été plutôt laxiste avec lui sous Silverstein.

Ziegler : Sauf que Silverstein n’est plus là. Je lui ai préparé quelques éléments de langage au cas ou Hauteville pèterait son câble. Je n’aurais pas travaillé pour rien.

Les deux conseillers terminèrent de chuchoter alors que Julius, ayant pris quelques notes durant le discours de Hauteville, sorti de son maroquin une petite note. A la fin de l’allocution de l’hôte, Müller prit la parole :

- Monsieur le vice-chancelier, je suis très désagréablement surpris de vous entendre dire ce que vous avez dit là. Votre positionnement méprisant et insultant ne fait que montrer le peu d’intérêt qu’Edoran porte a ses alliés ce qui est en tout point révoltant.
Vous qui vous faites le chantre de la souveraineté des nations face au prétendu ogre onasien venez maintenant reprocher au Zollernberg prenne ses responsabilités ? Ne pas suivre la ligne édoranaise ne veut en aucun cas dire que nous sommes soumis à qui que ce soit. Vos jugements de valeurs sur les choix politiques et sur les évènements internes à la vie politique du pays sont tout autant d’ingérence dans les affaires zollernoises ! A quel moment le Zollernberg a-t-il jugé le travail du gouvernement edoranais pendant ses problèmes internes ? Le Zollernberg a-t-il failli lorsque vous, Général, avez transformé l’empire en dictature militaire ? Jamais les zollernois n’ont cessés de croire en la capacité de son principal allié de subvenir aux besoins du peuple edoranais et de permettre le bon gouvernement de l’Empereur sur ses états.
Aussi, et ceci n’est pas une requête, c’est une exigence non-négociable : Le gouvernement zollernois n’entend pas se voir remis en cause de quelque façon qu’il soit par Edoran ou qui que ce soit d’autres. Le Zollernberg n’est inféodé à personne, ni à l’ONA et encore moins à la Grande Alliance ou à Edoran. Aussi, je demande au nom du Grand-duc et de son gouvernement des excuses officielles et immédiates du vice-chancelier pour son comportement inacceptable en cas de refus, je serai contraint de quitter ce sommet et de demander au Parlement d’annuler le vote de ratification du traité de la Grande Alliance. Car il est impossible pour le Zollernberg de demeurer dans une alliance ou les représentants des différents états alliés ne sont pas capable de se respecter mutuellement, même dans le débat d’idée.
Pour le reste, la position zollernoise, souveraine, reste la même. Nous demandons donc aux autres alliés, de prendre position afin de connaître l’orientation générale a donner a la question éridanaise.

Julius s’était levé durant son discours. L’ayant terminé, il mit de coté sur la table la note qu’il avait sous les yeux, cette dernière étant récupérée par un conseiller. Puis Julius resta debout, les deux mains a plat sur la grande table de conférence. Cette posture de défi invitait l’edoranais à répondre à l’exigence du zollernois. Le général allait il faire face, se montrer conciliant ou va-t-il lâchement contourner la question. Le Premier ministre zollernois termina son discours dans un silence glacial.

La fuite, les edoranais étaient courageux mais pas téméraires. Julius reprit.

- Monsieur, le respect est une valeur et pas l'emballage du mépris.

Puis, se tournant vers son conseiller diplomatique, avec lui à la table :

- On y va.

Aussitôt, le diplomate ouvrit son maroquin pour y ranger les documents qui trainaient ça et là sur la table autour des deux hommes. Il fit également discrètement signe aux conseillers attendant à l'écart. En quelques secondes tout était prêt. Müller reprit brièvement la parole en direction des autres délégations :

- Messieurs, je vous prie de transmettre les amitiés du Grand-duc et de son gouvernement à vos souverains et gouvernements respectifs. Le Grand-duc garde à coeur de travailler avec chacune des nations composant actuellement l'Alliance dans une optique bilatérale et continue de considérer chacun de vos pays et leurs souverains comme de proches amis, soyez en tous assurés.

Puis, se tournant vers l'edoranais :

- Transmettez les amitiés du Grand-duc à Sa Majesté je vous prie.

La délégation zollernoise sortit alors prestement. Une fois dans la voiture qui la faisait quitter le centre spatial, le zollplin fut averti et mis en branle. Une heure plus tard, le François Joseph quittait la colonie australe d'Edoran en direction du Zollernberg.