Manifestations en Chiron

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On a perdu le Chiron vrai !

Sur la Grand Place de Confolens, ce matin là, des ouvriers et des paysans manifestent, côte à cote, faisant un bruit de tonnerre.

Industrialisation forcée, campagnes violées !

Les slogans retentissent haut et fort dans la ville. Les services d'ordre paraissent être débordés. On siffle. On hurle. On frappe. C'est la Révolution du Prolétariat !

Dutronc on veut ta peau !

Le Prince de Freshville, se déplaçant en carosse dans les environs, accompagné d'une escorte de gardes à cheval, est intrigué par ce brouhaha infernal. D'autant plus que le trajet du cortège est sur la route qu'il emprunte habituellement pour se rendre en sa demeure Confoléenne.

- Wylfred, dites-moi, ce ne sont pas ces crasseux et ces bouseux qui nous causent un tel retard ? Si ?

- Je crayns de me voyr dans l'oblygatyon de vous répondre par la posytyve, Seigneur.

- Dites-leur de s'écarter !

L'ordre est rapidement transmis au Capitaine de Jarnac, qui commande la garde du Prince de Freshville. Celui-ci, conformément à la procédure, hurle.

Place ! Place ! Faites place à Son Altesse le Prince de Freshville !

Aussitôt, une horde de manifestants se retourne. Personne n'ignore ici que le Prince de Freshville est l'une des personalités du pays. Il incarne LE grand noble arrogant par excellence, ne vivant que de ses rentes et possessions à travers tout le Micromonde.

- L'imbécile ! murmure le prince pour lui-même, parlant du Capitaine qui a rompu son anonymat...

Tous se jettent sur le carrosse princier, et sont violemment repoussés par la Garde à cheval. On essaie de lui poser des questions.

A mort, Freshville ! A mort, Dutronc !

Alexandre-François est fort irrité de ce contretemps. Il ne pourra peut être pas arriver à temps à Allancia pour le Bal des Chandelles Masquées ! Devant l'incapacité de ses domestiques à régler l'affaire, il fait lui même ouvrir le haut de la voiture et monte dessus.

A MOOOOOOOOOORT ! A MOOOOORT ! ON VEUT TA TÊTE !

Freshville les survole du regard...Tous des bouseux...Enfin, il faut faire avec. Ils sont la force vive du pays. Il adresse un regard particulièrement assasin a celui qui a réclamé sa tête, puis crie.

Silence !

Il ne tarde pas à l'obtenir.

Peuple de Chiron, qu'ai-je donc fait pour mériter ta haine ? Qu'ai-je donc fait pour mériter une telle oppobre ?

Qu'ai-je donc fait pour que l'on réclame ma tête ?

Rien !

Vous n'avez AUCUNE raison de vouloir ma tête. Et vous n'avez AUCUNE raison de vouloir celle de mon bon ami, Guillaume Dutronc.

Il vous a apporté le gaz. Il vous a apporté le chocolat. Il vous a apporté l'automobile. Il vous a apporté des moyens de transports. Il vous défends, abandonnant même parfois la position officielle du parti, lors de virulents discours à l'assemblée.

Et vous trouvez encore le moyen de réclamer sa tête ?

N'êtes vous donc que des ingrats ?

N'êtes vous donc que des idiots sans cervelle ?

Vous vous plaignez de ne pas être assez payés...Soit ! Mais il me semble que nous mettons d'autres moyens à votre disposition, pour protester ? Les pétitions ? Les bureaux de plainte ? Le droit de vote ?

Qu'en faites vous ?

Je vais vous le dire, moi : RIEN !

Vous préférez manifester dans le désordre plutôt que de faire valoir calmement votre opinion.

N'est-ce pas là un comportement...honteux ?

A force de n'entendre que vous dans les rues, l'on ne vous entendra plus.

Alors cessez, et dispersez vous, ou continuez cette manifestation dans l'ordre et le calme ! Et surtout, que l'on me laisse passer !