Etat-major de l'armée princière

par **Duc de Tyrospole** 3/3/2021, 12:36 am

Le lieutenant-colonel prince Procope de Klausbourg-Traceau-Kosturi était un officier apprécié de ses camarades, respecté de ses hommes et estimé de ses chefs. Cadet d'une maison régnante, cousin issu de germain de l'empereur, on ne craindrait pas d'exposer sa vie en opération extérieure. Cela lui faisait espérer une carrière militaire à peu près normale au grand bonheur dont la vocation de soldat ne tarissait pas. Son physique démontrait l'accoutumance à la rudesse des champs de manœuvre et des camps militaires. Les postes en unité opérationnelle - succédaient à ceux en état-major. C'est en sa qualité d'officier de liaison de l'état-major général qu'il avait rejoint Jansa, suivant de près la restructuration des forces de l'Etat.

par **Duc de Tyrospole** 3/3/2021, 11:06 pm

A son bureau de la lieutenance-générale, le prince prenait connaissance des affaires à l'ordre du jour. Il découvrit avec stupeur une lettre cachetée du sceau de sa mère marqué des armes royales du Bassilissat dont elle état la souveraine.

Elle lui annonçait que son frère Louis-Philippe avait, dans un acte de renonciation daté 7 février de cette année, enregistré par la Boulè et la Chambre des Pairs, renoncé pour lui et sa descendance au trône des Kosturi et à la succession des duchés de Carrignan et de Port-Royal.

La lecture sonna comme une sentence. La mort dans l'âme Procope comprenait qu'il ne s'appartenait plus, lui même. Et que, par conséquent, sa carrière militaire prenait fin, du moins pour son volet opérationnel. Il s'appesantit sur son bureau. Tenant sa tête entre ses bras, il fit tomber un dossier, une page en sortit. C'était la liste de ses états de service, tous excellents. Ils égrainaient en vingt-quatre années de carrière les engagements récents de l'armée du Saint Empire.

ETATS DE SERVICE

Nom : Klausbourg-Traceau-Kosturi (de)
Prénom : Procope

Grade : lieutenant-colonel
Arme : infanterie

01/2019-03/2019 : école militaire impériale
03/2019 : Sous-lieutenant, chef de section à la 3e compagne/1er bataillon du 111e régiment d'infanterie de marine (Port-Royal)
04/2019 : Promu lieutenant
06/2019 : Promu capitaine, adjoint au chef de la 3e compagnie/1er bataillon au sein du même régiment
- 2/08/2019 : déployé lors du GREX 2019
10/2019 : Chef de la 3e compagnie/2nd bataillon du 31e régiment d'infanterie d'outre-mer (Lunedon, Gwanga)
- Du 4/11/2019 au 13/12/2019 : déployé en Terre du Prince-François (continent Micraustral)
- 01/2020 : déployé au large de Nouvelle-Livadia
- 05/2020 : déploiement en Gwanga
06/2020 : Promu commandant, officier d'état-major à l'état-major du 3e corps expéditionnaire (Port-Chiron)
12/2020 : Promu lieutenant-colonel, officier de liaison de l'état-major général auprès de l'état-major de l'armée princière de Tchécoslovénie (Jansa)

Une sonnerie le sortit de sa torpeur. Qu'importe les protocoles, il serait héritier à sa manière.

par **Duc de Tyrospole** 4/3/2021, 11:39 pm

Cette journée là, le lieutenant-colonel de Klausbourg l'avait consacré à une série d'inspection. Ainsi, avait-il inspecté la portion tchécoslovène de la Ligne Störtebeker, afin de rédiger, au profit de l'état-major, en collaboration avec ses homologues d'Alémanie, de Palogne, de Chiron, des Eslagnes et de Moldavia, un rapport sur la défense des frontières de l'Empire. Simulation d'attaque aérienne, manœuvre de l'armée tchécoslovène sur la ligne, dès l'aube, inspection de l'état d'entretien des batteries anti-aériennes tel avait été le rude programme de la journée.

Revenu à son bureau de la lieutenance-générale, il troqua son treillis contre sa tenue de ville et rejoignit la gare de Jansa. L'uniforme d'officier supérieur de l'armée impériale était respecté de tous, et très apprécié des dames. C'était aussi un coupe file très efficace. Le lieutenant-colonel était accompagné de son ordonnance, l'adjudant Petit. Ce dernier, vétéran de "la coloniale" comme lui, sous-officier à l'intense passé opérationnel, était surnommé par ses pairs de troupe, qualifiant ainsi sa débrouillardise, "voleur de chien".

Les deux hommes purent prendre le train de nuit du TransImpérial Express. Il était 21 h 11, la locomative se mettait en marche. Le train n'arriverait à Allancia qu'au petit-matin. Le lieutenant-colonel enfila la robe de chambre que lui avait préparés Petit, puis il reprit la lecture de cet ouvrage qui l'accompagnait dans ses déplacements : Petit Traité de philosophie bouddhiniste.

Il faut dire que Procope de Klausbourg était un original en matière de foi. Sa mère était souveraine par la grâce d'Ether. Son père avait quitté la religion de Bezoar pour celle d'Ether à l'heure de son accession à la dignité archiducale. Sa lignée maternelle professait l'éthérisme, sa lignée paternelle la zorthodoxie. Prince de Moldavia, il avait naturellement été élevé dans la foi éthériste. Très jeune il avait démontré un vif désintérêt pour l'office divin et les exercices de piété. L'adolescence et la lecture des philosophes rationalistes, positivistes, matérialistes et markistes - qui contrairement aux lois qui avaient cours dans les autres monarchies slaves étaient autorisés au très éclairé Bassilissat - lui avait fait concevoir la religion comme un instrument d'oppression et d'asservissement. Il n'était cependant pas parvenu à conclure à l'inexistence d'Ether ou d'une puissance divine. Position singulière dans l'armée, Procope était de sensibilité anticléricale et oscillait entre l'agnosticisme et le déisme. Ainsi, Procope restait-il un homme en quête de spiritualité. Chose singulière dans l'aristocratie édoranaise, il trouvait dans le bouddhinisme, découvert lors d'un séjour en Ceylan, une réponse à sa soif métaphysique.

Sa lecture terminée. Il consulta la montre à gousset frappée à son monogramme. Elle indiquait 23 heures. Il rejoignit alors sa couchette et se remémora, avant son endormissements, ses années d'élèves-officier à l'EMI de Confolens. Il se souvint d'un épisode survenu lors d'une permission à Kociusko, durant laquelle il rendait visite à sa tante, la Reine Marguerite. Il s'en retournait "d'un cours du soir" - ainsi avait-il l'habitude de présenter ses virées nocturnes - avec une belle palonaise qui trouvait dans ses charmes les moyens de sa subsistance. Au détour d'une rue, sur une petite place attenante à l'une des nombreuses églises de la capitale palonaise, il se fit le témoin d'un autodafé de livres. Il se tenait devant la boutique d'un libraire hébaïte visiblement soupçonné de franc-charpentisme et de markisme. Sa conscience libérale et son cœur généreux d'officier ne fit qu'un tour. Le voilà, le verbe haut et vif, controversant avec le prédicateur, sabre au clair, tenant en respect la foule fanatisée, et le prise adroite, sauvant les livres d'une mort certaine. L'instant de gloire ne dura que quelques minutes avant que la police n'intervienne et qu'il ne soit arrêté pour trouble à l'ordre public. D'ordinaire les cadets prit en faute était remis à l'autorité militaire pour sanction. Là une intervention opportune du Palais royal, de la reine sinon du roi, permis au jeune homme de s'en sortir, non-comptant de quelques égratignures et d'un sermon paternel, avec une belle caisse d'ouvrages. Il y avait inscrit - "sauvé du fanatisme". Il la conservait encore précieusement dans une des cantines où il conservait "sa bibliothèque de campagne", ainsi qu'il l'appelait, et qui suivait d'affectation en affectation ce bibliophile patenté.

Trois heures sonnèrent, le train était arrivé en gare. Procope et son ordonnance furent récupérer par une voiture à chauffeur venue de la Villa Carrignan. C'est dans cette demeure vide, délaissé par un père que l'orgueil avait exilé et par un frère rêvant de gloire à l'étranger qu'il avait l'habitude de loger lorsqu'il était à la capitale pour faire économiser à l'armée le prix d'un hôtel. Personne n'était venu dans l'hôtel depuis plus d'un an. La maison n'était plus habité qu'au downstair par le gardien et son épouse qui en assurait l'entretien courant. Les lambris doré se dévoilait sous la bougie de la gardienne sortie de son repos pour accueillir l'hôte princier. Les meubles étaient recouverts de drap, les pendule n'était plus remonté, le temps s'était arrêté. Procope rejoignit sa chambre, son havre dans cette demeure qu'il n'aimait pas, la trouvant froide et impersonnelle, et lui rappelant une enfance volée par le protocole et les mondanité. Le chef se rendormit. Petit lui, prépara la tenue de ville de "son" colonel, cira ses bottes. Puis, il veilla à mettre son réveil à 7 h 15, une demi heure avant celui de son supérieur, afin de lui préparer tout ce dont il aurait besoin.

La journée du lendemain ne serait pas de tout repos Procope était attendu à l'état-major général pour une réunion avec les officiers de liaison de son groupe de travail. En outre, le Feld-Maréchal et le général Dufortin, commandant opérationnel du CIROS, souhaitait le rencontrer.

par Contenu sponsorisé

Etat-major de l'armée princière

Etat-major de l'armée princière

Re: Etat-major de l'armée princière

Re: Etat-major de l'armée princière

Re: Etat-major de l'armée princière