(Authier) Château de Chante-Allouettes

Passionné d'Histoire, Loïc-Alexandre, officier supérieur de l'Armée du Saint-Empire avait racheté le domaine de ses ancêtres dont il portait le titre ducal à la commune d'Authier qui souhaitait se débarrasser de l'édifice et se retrouvait par la même occasion fière de retrouver un membre de la Maison de Fricard vivre en ces lieux.

La seigneurie de Chante-Allouettes n'était pas une terre d'importance pour l'illustre maison royale au contraire de Saint-Maurice-des-Lions - dont elle jouxtait les domaines -, de Chabanais ou de Richemond. Ainsi, elle avait été régulièrement donnée en apanage aux cadets qui, à partir du 17e siècle portèrent, par courtoisie, le titre de duc de Chante-Allouettes.

Après la naissance de sa fille, il y a de cela douze années, Loïc-Alexandre avait poursuivi sa carrière militaire au sein du corps impérial de sécurité civile. Bien sûr l'unité était moins prestigieuse que la Garde impériale, mais elle offrait une camaraderie dénuée de toute mondanité, de l'opérationnel à l'homme d'action ennuyé par les services d'honneur, et le confort d'une vie en métropole pour une épouse jalouse d'avoir son mari à ses côtés. Affecté à la division des sapeurs-sauveteurs d'Allancia, il avait occupé de nombreux postes opérationnels aux grades de lieutenant puis de capitaine : chef de garde à la 27e (BSS-Allancia Nord) adjoint au chef de compagnie à la 28e (BSS-Allancia Ouest), chef de la 6e compagnie (BSS-Allancia Centre). Après six années en unité opérationnelle, promu commandant, il avait rejoint des postes d'état-major, chef du bureau formation-instruction à l'état-major divisionnaire et enfin, c'était son poste actuel, chef du bureau de la doctrine, de la formation et de l'équipement au sein de l'état-major du corps impérial de sécurité civile. Sa nomination prochaine comme sous-chef "opérations" de l'état-major de la division des sapeurs-sauveteurs d'Allancia le ravissait. Âgé de trente-huit ans, Loïc-Alexandre était un homme comblé, tant professionnellement que familialement.

En effet, la petite famille s'était agrandie : Sybille et Loïc-Alexandre avait vu naître Georges-Alexandre en mai 2020, Victor-Alexandre en juillet 2020, et... le petit dernier, Henri, trois mois auparavant. Ainsi Loïc-Alexandre et son épouse, profitait-il d'une permission pour savourer ce nouveau bonheur familial.

La vie familiale était rythmée par le travail du père qui assumait un service hors rang à l'état-major du corps, des semaines d'astreinte et des gardes de 24 heures, comme officier de permanence du Centre opérationnel de gestion de crise du corps impérial de sécurité civile (CGC-CISC). Son épouse, Sybille menait la vie d'une femme moderne s'occupant elle-même de l'éducation de ses enfants plutôt que de les laisser à une gouvernante.

Les lieux où l'on passait les jours et les permissions du père était le fruit d'un savant équilibre, d'une âpre tractation à valeur de contrat de mariage, entre mari et femme, famille et belle-famille : la Saint-Klaus-et-Damos était alternativement passée au Palais de Saint-Maurice-les-Lions, demeure de la Princesse douairière, la mère de Loïc-Alexandre, et au Palais royal de Chinisau, demeure de la Basileia, la mère de Sybille. Les vacances d'été étaient intégralement passées au Basilissat. En revanche, les week-end et les week-end prolongés l'était nécessairement au château de Chante-Allouette, sur la commune d'Authier, jouxtant le domaine de Saint-Maurice-les-Lions, permettant à Madame-Mère, ainsi qu'on l'appelait, de profiter de de ses seuls petits-enfants, Henri-Alexandre, l'aîné des Fricard n'étant toujours pas marié.

Le château de Chante-Allouettes avait été édifié à la Renaissance par François II de Chante-Allouettes (1496-1548), Grand-écuyer de Chiron, cousin des rois Jean III et Jean IV. C'était une ruine que Loïc-Alexandre s'était consacré à relever. La petite famille pouvait désormais s'installer dans le corps de logis principal.