Discours du Ministre des Affaires Extérieures

Badienni s'avança à la tribune, afin de dévoiler aux augustes membres de la Diète les grands axes de son programme. Le Chancelier de Rougemeont voulait une politique étrangère nouvelle, faite de solidarité et d'équilibre, et le nouveau Ministre avait bien l'intention d'agir en ce sens.

- Honorables députés de cette Assemblée,

J'ai l'honneur aujourd'hui de vous instruire de la politique qui sera celle de mon Ministère.

J'ai l'intention de prendre le contre-pied radical des errements de mes prédécesseurs, qui ont montré ces derniers temps des aptitudes à l'indigne et au déshonneur proprement scandaleuses.

Huées dans les rangs de l'UCE.

Après avoir renié ses principes démocratiques pour pactiser avec le loup russlave sur le dos des peuples transvalaques, le gouvernement précédent a eu la bassesse inouïe de renier sa parole, de violer les traités signés par l'Empereur, et tout ça pour quoi ? Pour offrir de nouvelles âmes au plus despotique des rois-vassaux, j'ai nommé le sombre Casimir III, qui dispose maintenant d'un nouveau peuple à opprimer, en plus des malheureux Paloniens !

D'origine Palonienne, Badienni accordait beaucoup d'importance à la situation de ses compatriotes.

Je vous le dis tout de suite, messieurs les députés: cela ne se reproduira plus ! Le gouvernement du peuple dont j'ai l'honneur de faire partie a la ferme intention d'en finir avec cette diplomatie de salons, de pactes dynastiques, de trahisons opportunistes et de coups fourrés cyniques.

Applaudissements à gauche, cris et insultes à droite.

... Je suis résolu à instaurer une politique étrangère digne d'Edoran, digne d'un Etat démocratique. Elle s'articulera en plusieurs points:

1) La Cour ne se mêlera plus de politique étrangère. Il est hors de question que des courtisans sans légitimité démocratique tels que le prince de Fricard continuent de jouer avec le destin des peuples pour leur seul plaisir. La politique étrangère, comme toutes les questions qui regardent l'avenir d'Edoran, doit être entre les mains du peuple et du gouvernement qu'il a élu.

2) Le Traité entre Edoran, la Russlavie et le Noordzeeland n'existant plus de facto, nous mettrons en place de nouvelles relations avec ces pays, basés sur les intérêts des peuples plutôt que sur ceux de leurs souverains. De manière générale, nous soutiendrons dans le Micromonde les droits des peuples et les forces démocratiques contre les forces oligarchiques.

3) Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour réparer l'odieuse forfaiture transvalaque, et faire en sorte que les Transvalaques accèdent enfin à une indépendance véritable, libre et démocratique.

4) Les Royaumes-vassaux sont une aberration complète, une anomalie médiévale qui n'a pas sa place en ce siècle de progrès et de démocratie. Il est inadmissible qu'à l'heure ou les Edoranais marchent vers la liberté, les Paloniens, les Eslagnols et les autres continuent de gémir sous la férule de leurs despotes. Je ferais tout ce qui est possible pour liquider progressivement ces restes d'Ancien régime au profit de Républiques démocratiques fédérées.

5) Quant aux Colonies, j'ai la ferme intention d'en accroître le développement et d'en faire, à terme, de véritables provinces d'outremer, en y encourageant le développement économique et social et l'éducation et l'intégration des autochtones.

Messieurs les députés, je vous remercie de votre attention.

Les députés Markistes applaudirent chaudement le discours de leur ministre. Enfin le changement était possible en Edoran. Les membres du PM espéraient que le gouvernement saurait malgré tout imposer ses vues à des institutions encore largement réactionnaires et bourgeoises