Entrevue

La délégation fut introduite à la salle du conseil de la province, où trônait une grande table de réunion. Quelques minutes plus tard elle fut rejointe par le gouverneur.

Duveyrier distribua cinq brèves poignées de main avant d'inviter les cinq hommes à s’asseoir à la grande table puis prit place à son tour.
Il sortit son étui à cigarette et le tendit à ses hôtes et les invita à se servir en lâchant un "messieurs?". Puis se servit lui-même.

Il prit le soin de tirer une première latte sur sa cigarette avant de parler.

"Messieurs, avant tout, je tiens à vous remercier d'avoir répondu à mon invitation. Cela témoigne d'un esprit ouvert qui sera sans doute précieuse pour notre entrevue."

"Maintenant entrons dans le vif du sujet. Cette grève ne saurait durer plus longtemps.
Je ne vais pas entrer dans des discussions creuses sur le bien-fondé ou non de ces grèves. Cela m'importe peu et surtout cela ne mènera à rien.
Mais il y a une donnée qui s'est imposée à nous tous : Cette grève a couté jusqu'à maintenant des milliers d'entreprises et des centaines de milliers de emplois. Autrement dit vous êtes entrain de vous affamer et d'affamer tout le pays."

Eugène se tut, laissant planer dans l'air de la pièce ces dernières paroles qu'il voulait grave et lourde de sens.

"En outre la loi sur les organisations dangereuses a été rejeté par la Diète. Je vous demande donc de mettre fin à la grève. Il est temps d'arrêter les frais, messieurs."

Excellence,


Avec tout le respect que je vous dois, nous cesserons la grève lorsque le sinistre aura démissionné et que le décret anti-rouge sera levé...

Duveyrier ne fut pas surpris de la réponse des délégués syndicalistes, il s'y attendait... Néanmoins il fit mine d'être déçu et de commencer à s'impatienter.

Il tapota la table avec ses doigts et dit :

"Messieurs, je vous prie d'abord de rester corrects en parlant de Son Excellence le Ministre de l'Intérieur en ma présence."

"Ensuite, on m'a informé que la Diète examine en ce moment même deux motions allons dans le sens de vos réclamations.
Je vous demande donc de faire confiance à la Diète et aux institutions de l’État et à Sa Majesté Impériale pour régler le problème.
Vous avez porter votre voix à l’État et votre voix à été entendu, il est temps maintenant de laisser place à la reconstruction de l'économie fransienne."

Excellence,


C'est justement la pression que nous exerçons sur la classe politique qui fait que cette motion a été présentée à la Diète.


Pourquoi arrêter si près du but?

Duveyrier commençait vraiment à s'impatienter. Maintenant que le dialogue commençait à tourner en rond, il était pressé de renvoyer ces culs-terreux.

Comme je vous l'ai dit, messieurs, la Diète a entendu votre voix. Ne serait-ce que pour l'enjeu économique elle tâchera de trouver une issu.

Alors soyez à votre tour responsables et prenez en compte l'enjeu économique. Chaque jour de grèves coute des emplois, vos emplois, messieurs!

Le porte-parole du groupe montra son impatience


Telles sont nos conditions. Les acceptez-vous?

La discussion atteignait son point de rupture et Duveyrier savait qu'il ne pouvait plus rien tirer de ses interlocuteurs.

"Est-ce que je les accepte? Voyons messieurs! Même si je voulais les accepter, je ne suis pas le ministre ni la Diète.
C'est en tant que gouverneur et en tant que Fransien soucieux du bien de sa terre natale que je vous ai rencontré et j'ai essayé de vous raisonner. Mais si vous désirez camper sur vos positions, et bien libres à vous!"

"Sur ce messieurs, je met fin à notre rencontre..."

Duveyrier se leva.

"Je tacherais de transmettre vos conditions."