Réception au Palais Impérial

Le navarque Agesilaos Archais venait d'arriver dans le pays et déjà il était conduit auprès de l'Empereur par le ministre de la Défense et ce à un moment ou le pays était en guerre. Grande était la surprise de l'officier ioniapersien qui jamais n'aurait pensé pouvoir ainsi rencontrer l'Empereur en si peu de temps.

Il était venu au palais avec un plan pas encore complètement formé à l'esprit, qui avait progressivement pris forme quand le ministre lui avait montré une carte de l'Empire d'Edoran dans la voiture.

Introduit dans la salle du trône il fut frappé par le luxe de l'endroit, qui lui rappelait la cours de Persispolis aujourd'hui détruite, mais dans un style cependant bien différent.

Après les salutations d'usage et les mondanités courantes et communes à toutes les cours du monde Agesilaos prononça son discours.

Sa proposition était simple : il mettait son navire et ses hommes au service de l'Empire dans la présente campagne en échange de quoi il demandait que l'Empire mette à sa disposition les vivres dont il avait besoin ainsi que des infrastructures pour entretenir ses navires et des outils pour établir la petite communauté persienne sur un territoire encore vierge de toute conquête, territoire qui serait autonome et ne répondrait qu'à l'Empereur. Une solution qui fournirait une puissante unité navale à l'Empire tout en ne lui coutant finalement pas très cher, juste le prix de quelques réparations, victuailles et outils.

Ayant fait sa proposition Agesilaos attendit la réponse de l'Empereur.

L'Empereur fixa l'inconnu et ne pu que s'offusquer du non-respect du protocole. Des conseilliers glissèrent des recommandations à l'oreille de l'Empereur. Soudain, il ajouta:



Où voulez-vous vous installer?

Agesilaos sentait une certaine tension dans l'air, sans doute liée au fait qu'il ne parlait pas la langue locale et ne connaissait pas les règles protocolaires en vigueur. Cependant il fut soulagé quand l'Empereur l'invita a préciser son plan. Une carte de l'Empire et de ses colonies ayant été apportée le Navarque se dirigea vers celle-ci et indiqua une ile située au nord d'un territoire appelé "terres des nomades Ojibwes", territoire vierge de toute marque d'appartenance edorane mais située assez prêt de la colonie de San Sebastian que pour assurer un prompt secours en cas de catastrophe.

Il expliqua que, ne connaissant pas la géographie de l'ile, il ne pouvait désigner d'emplacement précis pour cette future colonie mais qu'elle serait située dans cette région. En effet elle était vaste et semblait en partie dominée par un volcan, signe de richesse minérale et de fertilité des terres, ce qui permettrait de développer rapidement une petite communauté viable.

Après cet exposé l'Empereur demanda à Agesilaos le temps de la réflexion et ordonna à son chancelier de conduire le Navarque dans l'une des nombreuses chambres du palais. Bien entendu chambre signifiait ici un véritable appartement avec une antichambre, une salle d'eau, un bureau et la chambre proprement dites.

Le persien profita de l'occasion pour s'offrir un luxe qu'il n'avait pas connu depuis longtemps, celui d'un long bain chaud. Mais même là dans son bain il pensait déjà au futur de ses marins et à la communauté qu'il établirait avec eux. Ses équipages... Quel mélange hétéroclite...

Il y avait Hagios Nikolaos, le vieux prêtre, gardien de la tradition persienne, érudit à l'esprit vif mais à l'esprit usé par le temps. Il avait été le compagnon de jeunesse d'Hérodote de Miletine, avait connu la sombre période de l'usurpation, la brillante renaissance sous le règne de Bryaxis, la guerre de Karkor, la montée sur le trône de la nouvelle dynastie, la décadence, la vengeance divine...

Il y avait aussi Themistocles Thalassan, le trierarque de la Trasus, officier expérimenté, marin doué, commandant ses 15 marins et ses 20 hoplites des mers d'une main de fer.

Il y avait Theodoros Spoudaios, le capitaine marchand de l'Aphtonos, et ses 10 marins, eux aussi habitués à sillonner les océans mais aussi à faire du commerce et a acquérir des biens au moindre prix pour les revendre ultérieurement...

L'ingénieur Benodore Sophos, qui avait été chargé par Altheas de cacher le trésor satrapique et d'en piéger l'accès, qui avait du ensuite affronter lui même son oeuvre lorsque les deux navires, fuyant la Persis ravagée, étaient revenu avant de partir au loin... Et puis les artisans qui avaient assisté l'ingénieur dans sa tache : les 5 tailleurs de pierre oropersiens, les 10 menuisiers xylopersiens, les 3 forgerons, les 7 maçons, les 10 mineurs et les 5 ouvriers...

Peu de femmes cependant dans cet équipage, si ce n'était 3 des menuisiers et 2 des tailleurs de pierre. Pas suffisant pour établir une colonie viable sur le long terme... Enfin, on verrait bien... La priorité était avant tout de trouver une terre où s'installer, où recommencer...

Alors que l'étranger fut dirigé vers sa chambre, l'Empereur se tourna vers le Grand Chambellan.


Que pensez-vous de cette demande, excellence? N'est-ce pas un peu bizarre que de donner une terre qui ne nous appartient pas?

Le Grand Chambellan se demanda si l'auguste empereur posait la question en souhaitant obtenir l'avis de son conseiller ou de son ministre des colonies. Répondre en donnant son avis était tout ce qui comptait après tout. Il dit : "Et bien, Majesté, je pense en effet que c'est une surprenante situation, mais toutefois fort réalisable." Il se racla la gorge, et enchaîna "En effet, d'après mes connaissances de la région ojibwe, il existe au nord du continent un île pratiquement vierge. En effet, celle-ci est prétendue maudite par les populations locales, car au milieu de l'île se trouve un des volcans les plus impressionnants de cette aride terre. Xuizalcàotl, ou le Feu destructeur, comme on le surnomme dans nos colonies. Si ces persiens sont si fougueux et téméraires qu'on le prétend, ils ne refuseront pas cette île, surtout qu’ils auront tôt fait de comprendre les possibilités agricoles de cette terre fertile, malgré le climat plutôt sec. De plus j'ai entendu parler d'une baie, où coule un fleuve assez calme en comparaison de ceux du continent, ce qui pourrait être un point de départ pour cette implantation."
Après ce long monologue, le Prince comprit que le projet qu'il avait décrit avait suscité la plus haute attention du Monarque. Il conclu donc : "Maintenant, reste à déterminer quel statut juridique adoptera cette colonie. Devront nous lui accorder une certaine autonomie ? Dois-je préparer un traité à ce sujet, je suis à votre écoute, Majesté."

Agesilaos était sortit de son bain et avait demandé du papier et de quoi écrire à un serviteur mit à sa disposition par le Grand Chambellan.

S'installant au bureau de la suite il commença a écrire un projet de développement :

1) Trouver un site côtier
2) Trouver un site dans l'arrière pays mais pas trop loin de la mer quand même, assez plat, bordant une forêt ( pour l'approvisionnement en bois ), pas trop loin non plus de dépôts de minerais si possible, en tout cas pas trop éloigné de poches d'argiles.
3) Etablir en bordure de ce terrain une série de structures temporaires en bois.
4) Etablir un petit poste avancé sur la baie et lui donner l'un des deux postes radios de la flotte pour lui permettre de communiquer rapidement avec le campement principal.
5) Lancer une briquèterie
6) Lancer une forge
7) Lancer une carrière de pierres
Lancer une petite mine de minerais
9) Lancer une petite mine de charbon ou bien une petite industrie de charbon de bois
10) Trouver un moyen de produire de l'électricité
11) Installer un complexe agricole
12) Construire des bâtiments plus importants

Ayant noté ces points sur sa feuille il posa son bic et s'allongea sur son lit, essayant de penser au futur. Mais il parvint juste à s'endormir...

Cela faisait maintenant plusieurs jours qu'Agesilaos attendait la réponse de l'Empereur et il ne pouvait se permettre d'attendre plus longtemps loin de ses hommes. Un message lui avait déjà été envoyé par Thémistocles qui y confiait son inquiétude face aux déploiements de troupes edoranes a proximité des deux navires ioniapersiens.

Aussi demanda-t-il au Grand Chambellan un véhicule pour retourner à Lucera où il attendrait la réponse de l'Empereur a moins qu'il ne décide tout simplement de partir sans son accord et d'installer ses hommes sur cette île qui après tout n'appartenait quand même pas à l'Empire.

Quand le Grand Chambellan reçu le dignitaire persien, ce dernier lui demanda de mettre à sa disposition un véhicule du Palais.
Le Grand Chambellan acquiesça tout naturellement et lui fit savoir qu'un fiacre impérial lui permettrait de retourner à Lucéra.

De plus, le Prince recommanda au Navarque d'être patient, car l'Empereur était assez occupé en ce moment, avec le sommet qui se prépare...

Le Navarque assura le Grand Chambellan qu'il ne réaliserait aucun acte inconsidéré avant de monter à bord du véhicule mis à sa disposition. Mais déjà il avait d'autres projets en tête. Car si il entendait rester à Lucera et y attendre la décision impériale, rien ne lui interdisait de faire appareiller l'Aphtonos pour un repérage, voir même pour la construction des premiers bâtiments, communicant avec la Trasus par radio, un équipement qui semblait encore inconnu dans la région.