Siège de l'OSASE

Le Maréchal de Klausbourg-Traceau prit le lendemain de sa nomination le commandement de l'OSASE. A cette occasion, les chefs de site et de programme s'étaient réuni dans l'immense salle de réunion qui jouxtait le bureau du directeur, dans l'aile Ouest du Palais Corvin. La nomination d'un membre de la famille grand-ducale, maréchal de salon, selon ses détracteurs - Louis n'avait été que général d'armée de réserve sans jamais avoir commandé une armée en campagne -, plutôt que d'un homme rompu à la recherche scientifique, avait fait coulé beaucoup d'encre et de salive.

Louis revendiquait son expérience de géopoliticien, cultivé lorsqu'il était aux affaires. Le propos fut bref :

- Messieurs, nous devons relancer notre stratégie de dissuasion et l'adapter aux menaces qui pèsent sur notre état. Je souhaite un point rapide de l'état de notre arme de dissuasion et de notre recherche. Des essais devront se tenir le mois prochain en Eridan.

Le Colonel Etienne Zeller, chef de la division armement comprit que le Maréchal serait plus intéressé par les travaux de son département que par ceux du département de géochimie ou de biologie. Il répondit au nouveau directeur.

- Maréchal. Actuellement, l'Armée dispose de deux escadrons stratégiques, l'un à Confolens, l'autre à Saint-Urbain, équipé chacun de missile à édoranium. C'est le seul armement de dissuasion dont nous disposons. Les ancien obus à l'édoranium de nos canons ferroviaires gros calibre et très longue portée "Petit Konstantin" sont abandonné maintenant que l'artillerie s'équipe avec des missiles.

Aussi, nous avons mené 2 essais nucléaires, l'un en micrarctique en 2011, terrestre, et l'autre en ex-Eridan en 2015, aérien. Si je puis vous suggérer quelque chose, cela serait un essai sous-marin... plutôt que sur la Sandbox.

Le Maréchal de Klausbourg, tout nouveau Basileopator de Moldavia en sa qualité de père du Souverain, avait créé un comité scientifique pour l'OSASE. Il appréciait les interventions du colonel Zeller qui avait pris au sein de ce comité, les fonctions de président, lui donnant une influence considérable au sein de l'OSASE, au point de porter ombrage aux autres chefs de département.

Autour de la table se trouvait, outre le colonel Zeller, l'aide de camp du Maréchal, le capitaine de Remungol, un expert en balistique de la FEA qui avait participé à la construction du célèbre Carnavon Transport-reconnaissance, un physicien fraîchement diplômé de l'Université de Confolens, un chimiste de chez Petro-Esse dont l'odeur de vozka mêlée de pommes laissait suggérer son goût pour les dilutions, un ingénieur en aérospatial de la SASB et un spécialiste de guerre bactériologique auteur d'une thèse remarquée sur l'étron Schweinwald.

L'équipe des Bombs Men ainsi qu'on la surnommait dans les couloirs du Palais Corvin étaient les meilleurs dans leur domaine. Ils avaient été débauchés des meilleurs universités et laboratoires de recherche, privés ou publics du pays. Ils semblaient se réveiller du lit d'où il avait été tirés aux aurores, parfois manu militari par des hommes de la Maréchaussée impériale.

- Messieurs, vous voilà promu par décret de ce jour au grade de capitaines-experts de nos armées, affectés à l'OSASE. Notre pays cherche à développer sa force de dissuasion. En accord avec le colonel Zeller votre chef, je vous demande de développer notre composante maritime de la force de dissuasion. Elle est essentielle car elle nous permettra de frapper en tout temps en tout lieu. Le docteur Wolf assurera le secrétariat du comité - le médecin avait été recruté par l'OSASE moins pour son expertise médicale que pour son écriture...,  rendant intraduisible et donc infaillible par des puissances étrangères ses prises de notes - . Il sera un recours utiles pour votre soutien sanitaire.

L'on se regarda. Klausbourg agita une clé :

- Messieurs, vous allez être enfermés dans ce sous-sol jusqu'à ce que votre travail soit fructueux. L'on vous versera de la nourriture par le soupirail.

Les visages s'interrogèrent. Le Maréchal était désormais sorti de la pièce, au côté de son aide de camp, se tenant devant la double-porte blindée

- Messieurs, Vive le Saint-Empire ! Vive l'Empereur !  Un tour de clé du capitaine de Remungol, renferma l'équipe de scientifiques incrédules devant le procédé, mais il était le meilleur moyen pour Klausbourg de préserver le secret défense.

Le Colonel Zeller ouvrit les discussions.

- Messieurs, le Maréchal souhaite que nous développions la dissuasion maritime. Comment envisagez-vous les choses ? Un navire ou un sous-marin avec des missiles balistiques ?