Réapparition de Charles-Nemrod zu Windischgrätz

Le jeune Charles-Nemrod de Fleury-Heimrichzhaffen avait fait une brève apparition il y a environ un an. Il se murmure que pour des raisons de santé ou d'obscurs déboires financiers, il aurait été contraint de se retirer toute une année. Mais on murmure dans le salon de la princesse de Freschville que le marquis zu Windischgrätz serait de retour à Allancia, avec la ferme intention d'y tenir un rôle.

Au prix de trois sous et de quelques instants d'apnée sanitaire, un clochard de la rue Basse-des-Tonneliers-Bourguignons répondant au nom de Brasse-Bouillon fait à quelque passant distingué ce récit :

À onze heure l'avant-veille, un attelage de chevaux exténués traînant une énorme berline de style Empire expire au seuil d'un hôtel bien connu pour appartenir aux Freshvilles. Si la montée des marches a semblé un pénible exercice pour l'un des passagers, dont l'identité peut être très-évidemment renseignée par la silhouette gracile et le teint cadavérique — deux traits fleuryaques, — en revanche elle n'a été qu'une formalité pour le second voyageur, dont la mise extravagante, l'hygiène discrète et le pas élastique ne sont pas davantage inconnus du tout-Allancia.

L'empressement de nos hommes — en intention du moins, — quant à lui, ne voulait sans doute pas dire autre chose que leur intérêt premier, pour l'heure, à ne pas ébruiter leur retour dans une capitale dont des circonstances désormais lointaines et probablement oubliées avaient forcé le départ au pas de charge.

On dit aussi qu'il y avait du cheval le lendemain au dîner de Madame de Freshville.