Amélie à la Diète

Arrivée tôt ce matin afin de découvrir le batiment, Amélie fut accueillie par un huissier. Personne ou presque n'étant encore arrivé, il lui fit faire la visite des lieux, lui montré où était le bureau qui lui avait été attribué suite à son élection.
- Comment attribue-t-on les bureaux?
- La chose est simple, chaque député à un bureau en fonction de sa circonscription. Les bureaux sont répartis sur les 5 étages du bâtiments. Vous avez le bureau A10.
- A 10?
- Allancia, 10e circonscription.
- Merci

Amélie s'installa sur la chaise et contempla le bureau. Il était de taille modeste, mais cela suffisait. Il y avait une large étagère, une fenêtre qui donnait sur les jardins du Parlement.
Elle s'adossa au fauteuil et se mit à penser à tous ces projets. Lutter contre les discriminations faites aux femmes, contre la toute puissance de l'église éthériste, donner plus de visibilité aux sciences. Ses chevaux de bataille principaux.
Elle avait avec elle un grand sac de voyage. L'huissier avait tenu à le lui porter mais elle avait décliner avec politesse. Non pas qu'elle eut trouvé goujat de la part de l'huissier de demander ça, peut être qu'un sac trop lourd ne peut être porté par une dame, non c'était même attentionné. L'huissier faisait peut être cela avec tout le monde. Etait-ce dans leur attribution? Elle ne savait pas. Si elle avait tenu absolument à porter ce sac elle même c'est qu'il lui était précieux. Il contenait tout ce qui comptait à ses yeux.
Elle le vida consciencieusement sur son bureau et rangea tout de suite ces quelques objets.
Sur une armoire basse elle posa un oeuf de dragon fossilisé, retrouvé sur le territoire de la Russlavie. Il daterait d'au-moins 52000 ans. Dans l'étagère elle plaça quelques livres, principalement des ouvrages de références pour ses futures propositions de loi. Sur le bureau elle plaça deux cadres. Dans le premier, son père. Ayant perdu sa mère très jeune, Amélie fut élevée avec son frère aîné, André, par leur père, Fructueux d'Estouches (1), comte de Manseau. Aujourd'hui décédé, c'est son frère qui avait hérité du titre comtal. Bien que faisant partie d'une famille noble, elle avait voulu se séparer de cette origine. Vivant comme un membre du tiers état, elle était fière du parcours accompli. Ses études, elle les avait entreprise sans soutien financier de son père, par ailleurs ruiné. Mais celui-ci l'avait toujours encouragée dans son combat féministe et dans sa carrière de chercheuse. Voilà pourquoi il trônait sur ce bureau. Dans un bureau que son père avait sans doute occupé jadis en tant que député UCE de Manseau.
La seconde photographie, elle la posa à côté. Elle la repris et l'embrassa. La regarda. Et la reposa...




(1) j'affirme l'authenticité du prénom

Robert Jozef Kazimir Badienni arriva au parlement vers 12h, bouffi d’orgueil et de contentement. Il y avait de quoi ! Alors qu’il se terrait en Alémanie pour éviter d’être sollicité par les républicains (il savait que s’il s’était trouvé en Edoran durant le soulèvement, les insurgés l’auraient indubitablement forcé à se ranger à leur tête aux côtés de Robert Leduc), son nom avait été mis sur les listes électorales comme député impérial, et, sans même faire campagne, il avait été élu à la diète !

Maintenant que les républicains avaient été écrasés et déportés, un véritable boulevard s’ouvrait pour Badienni à gauche, où il pouvait recueillir le soutien de tous les radicaux qui n’avaient plus de porte-voix depuis la dissolution du mouvement républicain. "Pas d'ennemis à gauche !", telle était sa devise à présent, quoique combinée avec de prudentes déclarations répétées de loyauté envers l'empereur afin d'éviter de se retrouver devant le sinistre Comité de lutte contre les activités anti-edoranaises.

Après avoir discuté et plaisanté avec d’autres députés démocrates, Badienni se mit à la recherche du bureau de la députée d’Estouches et de celui de la députée Moran. L’huissier lui apprit qu’elles étaient au Palais de la Réunification, où l’empereur les recevait.

Badienni laissa un message priant les deux indépendantes d’accepter une entrevue afin de discuter de la situation politique du pays.

Le député Badienni revint voir les deux indépendantes:

Bonjour mesdames,

Vous n'ignorez pas que Dutronc-Pombal a été nommé chancelier. Il tente actuellement de rassembler une majorité.

Le soutiendrez-vous ? Ou seriez-vous prêtes à soutenir une coalition alternative ?

En ce qui me concerne, je soutiendrai au cas par cas, selon les différents projets proposés.

Le duc d'Esse arrive à la Diète, il veut rencontrer les deux indépendantes. Son idée d'un colloque, le tien à cœur.

Il veut surtout connaître la situation des femmes en Edoran, pour prendre les meilleures mesures.

- Bonjour, nous souhaitons rencontrer la députée Moran et la députée d'Estouches.

La député Moran se présenta, saluant le chancelier.

- Madame, félicitation pour votre élection. Vous serez défendre les intérêts de vos électeurs et des edoranaises. Nous espérons que vous allez venir au Green party.
(Silence)
- Mais nous sommes ici, pour une autre question. La question des edoranaises est importante. Nous souhaitons connaître la situation des femmes et de leur besoin. Nous souhaiterions vous confier le colloque, qui remettra les recomendations au gouvernement et à la Diète.

Si madame d'Estouches accepte la coprésidence, nous sommes d'accord. Que seront les pouvoirs de cette commission?

- Vous avez tous les pouvoirs, comme une commission parlementaire. N'oubliez pas d'envoyer vos recomendations à la Diète.

Ma foi, si vous nous confirmez bien que nous avons toutes latitudes pour agir comme une commission parlementaire, et ne pas être simplement un joujou pour nous endormir, j'en serais enchantée.

Oui, vous avez toute la liberté.

Amélie, nous sommes heureuse de travailler avec vous!

Mesdames, nous venons vous souhaitez bonne chance. Nous sommes sûrs que votre commission amènera du positif à l'Empire. Comme vous voyez, les hommes agissent et pensent avec leurs testostérones. Cette influence chimique les fait réagir de manière violente et par les muscles.
Nous avons été fier de travailler avec vous.