Visite de courtoisie au Palais Princier

par **François de Traceau** 29/5/2011, 3:41 pm

Une voiture Rolls Royce venait de franchir les grilles du Palais princier. Le Prince Clodomir, comte de Klausbourg, son passager rendait visite au souverain de Palogne son ami et plus fidèle allié dans la tourmente qui le menaçait. Le Prince savait tout des affaires politiques de l'héritier des Klausbourg. Leur amitié était celle de deux hommes dont l'estime était profond l'un pour l'autre. Leur aversion du markisme et leur méfiance de la démocratie les avait rapproché, leur goût pour l'histoire et la chasse, en avait fait des amis. On racontait qu'un mariage était à l'étude entre les deux maisons.

Le Prince Clodomir était d'ailleurs accompagné de sa soeur cadette la Princesse Adélaïde, âgée de vingt-et-un ans, elle était le huitième enfant du couple archiducal de Laufenbourg. On lui trouvait l'air gracieux, et les formes agréables. La mélancolie était cependant un trait de la personnalité de la jeune enfant qui savait son ventre livré en gage au Prince de Palogne afin qu'elle lui donne un héritier. L'homme était de trente et un ans son aîné et ne lui aspirait aucune sympathie ; peut être était-ce la réputation d'ogre qu'il avait acquis en Edoran. Né d'un haut lignage, elle savait que son coeur ne lui appartenait pas et serait sacrifié aux intérêts politiques de sa famille. Elle s'était résignée au mariage que l'on projetait pour elle. Bien que son frère fût à ses côtés, elle n'était guère rassurée par les pièces en enfilade dont les trophées donnaient au lieu un aspect lugubre. Cependant qu'elle marchait vers la salle du trône elle ne pouvait s'empêcher de ressasser un des contes qu'elle avait lu pendant son enfance. Elle était la jeune vierge qui pénétrait dans l'entre de la Barbe-Bleue. La salle du trône s'offrait à elle désormais, les vieux boyards couverts d'habits et de couvre chef traditionnels en peau d'ours l'observaient avec concupiscence pour les plus lubriques - quelle était belle la jeune princesse -, avec inquiétude pour les plus ambitieux - le vieux Wiśniowiecki pouvait désormais prétendre à une descendance légitime - .

Les deux Princes se saluèrent avec chaleur. S'embrassant, certains purent même entendre un tutoiement inhabituel entre les deux Altesses. La Princesse était en retrait. Casimir III découvrit alors la jeune Adélaïde, la blondeur de sa chevelure, l'azur de son regard et la beauté de ses formes ne manquèrent pas de boulverser l' impitoyable souverain. Elle fit une révérence et se releva, digne. Il y avait en elle quelque chose de la sainte que l'on envoie au supplice. L'innocence de son regard et la perfection de ses traits subjuguèrent toute l'assemblée. Clodomir avait décidé du sort de sa jeune soeur. Son avis ne comptait pas, l'amour n'était que futilité et faiblesse. Dans une semaine, Adélaïde serait Souveraine de Palogne !

par **Stanislas III** 29/5/2011, 11:28 pm

Le Prince de Palogne fut instantanément sous le charme de la plus jeune des Klausbourg, la dernière né d'une des plus vieilles familles du Micromonde et assurément celle qui avait occupé le plus de trône. Une union comme celle-ci serait grandiose pour la Palogne.

Casimir baisa la main de la princesse et lui souffla des compliments qui tranchaient net avec l'aspect habituellement rude du souverain. La Princesse fut visiblement touchée, mais n'arriva pas à feindre l'enthousiasme qui aurait été de mise en pareille circonstance.

Le Prince ne se formalisa pas, sachant très bien que le devoir dynastique était subit au yeux de la princesse Adélaïde. Il saurait peut-être lui faire appréciait leur union...

Puis se retournant vers le Comte de Klausbourg :

- Mon cher ami... allons chasser !

...

par **Stanislas III** 31/5/2011, 2:23 pm

La partie de chasse était bien entamée. Les 60 chiens de la meute de chasse du Prince de Palogne poursuivaient un ours depuis trois quart d'heure déjà. Clodomir et Casimir, en totale fraternité, étaient concentré à suivre les chiens à cheval. Bientôt arriverait l'hallali et l'ours serai leur trophée. Les 16 sonneurs de cors, bien qu'au galop derrière les princes faisaient retentir le son de leurs instruments à travers les montagnes palonaises. Hors des frontières, les Alémans et les Chironais étaient ainsi certainement au courant de la chevauchée princière...

L'équipage croisa d'autres animaux, des sangliers, des renards, des chevreuils, des chamois, … Les chiens étaient créancés ce qui signifie qu'ils restaient focalisés sur un seul animal à la fois. Il était à la charge des chasseurs du Prince, et de leur chef le Grand Veneur du Prince, d'abattre ce gibier supplémentaire à l'aide des arbalètes traditionnelles qu'ils portaient sur eux même lors des chasses à courre.

- Et voilà qui nous servira apéritif ce soir avant de manger l'ours ! Dit Casimir en riant en voyant une flèche faire s'effondrer un sanglier d'au moins 100 kg.

Le Comte de Klausbourg, aux mœurs moins rustiques, sourit poliment. C'est qu'il s'imaginait mal se servir de l'ours après ne serais-ce qu'une tranche de jambonneau de sanglier en quantité standard palonaise !

L'allure diminuait, les cavaliers hâtèrent donc le pas pour être témoin de l'hallali... L'ours était là, dans un sous-bois assez clairsemé où la lumière du soleil pénétrait timidement malgré les nombreux résineux alentour. Il était à bout de souffle et les 60 chiens hurlaient face à lui. Casimir s'approcha à cheval doucement... l'ours était dans un état de fatigue qui empêcha toute fuite ou parade. Le souverain descendit de sa monture, tira son épée du fourreau et acheva l'ours en un geste si violent que les chiens de chasse en gémirent. Aussitôt après avoir dégagé son épée de la carcasse, il trancha le pied de l'animal... Il prit ce trophée, et selon la tradition des honneurs du pied, par l'intermédiaire du Piqueur, maître des chiens, il fit offrir la patte de l'ours au Prince Clodomir... Et ajouta :

- Mon ami, cher Prince, afin d'honorer votre haute personne et en gage de notre amitié, je vous fait Duc de Toruń !

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