Invitation à François de Traceau

L'Empereur avait décidé d'inviter au Palais son cousin le comte François de Traceau.

Ainsi, deux François de Traceau se rencontrait au Palais de la Réunification.

Leurs pères respectifs avaient tenté autrefois de "faire la paix", mais se fut un échec. Le passé trouble de la branche alfredienne était encore trop récent peut-être, et le Marquis de Carillon bien trop nationaliste, et manipulateur. Charles IV avait bien déceler, de la part de Charles-Albert, une tentative, au mieux, de reprendre place dans la succession impériale, au pire, de rendre la couronne fransienne indépendante de la couronne impériale.

Cependant, François-Xavier ne pouvait garder la même attitude que son père qui fut de rebannir cette branche de la famille hors de toute responsabilité. Aussi, son idée était simple : Maintenant que l'on voit des chironnais déposer des gerbes de fleurs en souvenir du Commandeur, tout était possible... Et investir dans la modération et la résilience du comte François était la meilleure solution pour achever les nouveaux espoirs alfrédistes.

De surcroit, l'Empereur souhaitait vraiment faire réparation à cette famille "maudite" et créer un lien fort avec l'autre François de Traceau était un désir sincère.

Cher cousin, je suis heureux de vous revoir ! Nous ne nous sommes que peu revu depuis l'Ecole Impériale de l'Air.

A l'époque, nous apprenions ensemble l'ingénierie aéronautique et le pilotage pendant que nos pères brouillaient encore plus les relations entre nos familles. Il nous appartient, génération suivante, de recoller les morceaux et de montrer que la Maison de Traceau est unie. Outre que vous compter, cher cousin, comme ami serait une réelle joie, notre rapprochement sera un moyen de réaffirmer les choses établies.

J'ai peu ou prou la même proposition à vous faire que celle qui fut faite au Marquis de Carillon, mais je dois d'abord m'assurer que nous avons le même objectif et la même vision des choses.

Depuis son entrée dans la vie publique François avait redouté ce moment. Celui où on lui demanderait de devenir représentant de l'Empereur en Fransie, celui où on lui demanderait d'éteindre les prétentions de sa branche, bref celui où on lui demanderait de métaphoriquement tuer son père. Il répondit avec convictions, celles qui avaient fait de lui un enfant de la honte parmi la noblesse de l'Empire :

- Sire le prince Alfred, mon aïeul, fut un félon et un régicide, marquant à jamais sa descendance du sceau de l'infamie et du déshonneur. Ce sera mon honneur de rétablir le nom de ma lignée et son rang parmi les maisons de l'Empire. Que Votre Majesté me donne la grâce de laver mon sang de la souillure infligée par mon aïeul et je dépenserai sans compter mon repos au bien de Sa Couronne ! Mon cousin, je suis à jamais votre féal et votre serviteur !

Mon cher comte, cher cousin, je sais le prix que vous payer à accepter cette tâche lourde de signification. Mais c'est un investissement que vous faites au profit de votre descendance. Vous assurez l'avenir de vos enfants !

Ainsi, je vais vous nommer Vice-Roi de Fransie. Vous exercerez l'ensemble de mes pouvoirs, en mon nom, sur le territoire du Royaume de Fransie.

Vous m'aurez toujours à votre écoute.

François ne sembla pas surpris. Il répondit au geste d'amitié de son cousin, la voix plein de gratitude. Au yeux du monde la souillure paternelle était lavé :

- Sire, Votre Majesté m'honore de sa confiance. Sa sollicitude m'oblige.

François-Xavier II avait trouvé en son cousin l'un de ses plus fidèles serviteurs.